Créé en 1993, le Syndicat des Energies Renouvelables (SER) se compose d’une équipe de vingt personnes au service de 380 adhérents. Sa mission est de promouvoir les intérêts des industriels et des professionnels des énergies renouvelables auprès des pouvoirs publics, du Parlement et de toutes les instances en charge de l’énergie, de l’industrie, de l’emploi et de la recherche. Entretien avec Jean-Louis Bal, son président.
La 17ème édition du Colloque du SER avait pour objet de “poursuivre l’accord de Paris et réinventer l’énergie” : qu’en est-il ressorti ?
Cette 17ème édition est à marquer d’une pierre blanche. Nous sommes véritablement entrés dans une nouvelle ère de l’énergie. Le succès de la COP21, la promulgation de la loi de transition énergétique en France, la compétitivité des énergies renouvelables partout dans le monde, font d’elles les moyens de production énergétiques incontournables de notre siècle. 1 000 personnes ont participé à notre colloque. De nombreuses personnalités sont intervenues tout au long de la journée. Rappelant que les énergies renouvelables deviennent, partout dans le monde, de plus en plus compétitives, tous les intervenants ont affirmé leur volonté d’accroître leur part dans le mix énergétique et ont insisté sur la nécessité de construire une taxe carbone robuste qui favorise les énergies non émettrices de CO2. Chacun a également évoqué le rôle de puissants leviers de création d’emploi que constituent ces nouvelles filières.
Si la COP21 a été l’occasion pour l’UE de s’affirmer comme l’un des acteurs majeurs de la lutte climatique, de quels atouts la France dispose-t-elle pour être à la pointe des énergies renouvelables ?
Sur le plan géographique, la France est privilégiée : deuxième gisement de vent derrière la Grande Bretagne, cinquième pays d’Europe en matière d’ensoleillement, abondante ressource hydraulique, importante surface forestière, deuxième Zone Economique Exclusive maritime mondiale, nombreux gisements géothermiques. Ces atouts naturels, conjugués à un savoir-faire reconnu dans le domaine de l’énergie, nous donnent la possibilité de devenir un acteur important des énergies renouvelables et de structurer des filières puissantes qui pourraient représenter plus de 220 000 emplois dès 2020.
Sur le plan politique, le Parlement a adopté le 22 juillet 2015 la loi relative à la transition énergétique qui porte de belles ambitions pour le développement des énergies renouvelables. En effet, leur part devra représenter 32 % de la consommation énergétique en 2030 : 40 % de la production d’électricité, 38 % de la consommation finale de chaleur, 15 % de la consommation finale de carburant et 10 % de la consommation de gaz.
Pour les départements d’outre-mer, l’objectif est de parvenir à l’autonomie énergétique. Cette loi ouvre de nouveaux horizons à toutes les filières des énergies renouvelables. Leur déploiement va permettre la création de plusieurs centaines de milliers d’emplois sur le territoire et contribuer largement au rééquilibrage de la balance commerciale énergétique de la France, tout en évitant l’importation d’énergies fossiles ainsi qu’en ouvrant la voie aux entreprises françaises vers les marchés internationaux.
L’accord de Paris doit pousser l’Europe à conserver son rôle de premier plan.
Malgré sa volonté affirmée de développer les ENR, l’Europe pourra-t-elle, d’après vous, tenir l’objectif 2030 de 27% de part d’énergies renouvelables ?
L’accord, signé en octobre 2014 est relativement moins ambitieux que celui signé dans le cadre du paquet Energie Climat 2020 adopté en 2009, qui portait la part des énergies renouvelables dans l’union européenne à 20 % en 2020 et sur lequel chaque pays membre avait des engagements contraignants. A travers cet accord, l’Europe affirmait sa volonté de jouer le rôle de leader dans la lutte contre le changement climatique et s’engageait avec ambition dans les énergies renouvelables. Le nouvel objectif traduit une progression plus faible alors même, qu’à l’horizon 2020, les filières auront accompli une grande partie de leur courbe d’apprentissage, en particulier en Europe.
Pensez-vous que nous sommes véritablement entrés dans “une nouvelle ère de l’énergie” ?
Pour moi, c’est certain. Le monde s’engage vers les énergies renouvelables, qui sont chaque année plus compétitives et affirment leur rôle majeur dans la lutte contre le changement climatique. Prenons l’exemple de l’éolien. Tous les chiffres publiés pour l’année 2015 confirment le dynamisme de la filière. Le parc mondial s’élève à 432 400 MW fin 2015 contre 370 000 en 2014, enregistrant une croissance de 17%. Il y a 10 ans, en 2005, le parc représentait 59 000 MW. Les investissements mondiaux dans le seul secteur éolien s’élèvent à 109 milliards de dollars contre 99 milliards de dollars en 2014.
L’ensemble du parc éolien européen constitue 15,6% du parc électrique et se situe juste au-dessus du parc hydroélectrique. Je pourrais également vous parler de la croissance du parc solaire photovoltaïque mondial. 40 000 nouveaux MW ont été installés en 2014, 50 000 en 2015. Le parc mondial atteint aujourd’hui plus de 277 000 MW. Quant à son coût, en France métropolitaine, il est passé de 360 € il y a dix ans pour une centrale au sol à 82 € aujourd’hui. Ces chiffres sont la démonstration concrète que l’avenir énergétique de la planète se construit avec les énergies renouvelables.
Retrouvez l’intégralité de l’interview dans le numéro 21.