Créée en 2006 par et pour les professionnels, le Cluster Maritime Français rassemble plus de 410 membres de tous les secteurs de la mer dans le but de promouvoir leur activité. Aujourd’hui, il œuvre pour une meilleure prise en compte du rôle de l’océan dans la machine climatique. Entretien avec Frédéric Moncany de Saint-Aignan, son président.
Quelles sont les principales missions de votre cluster ?
Outre la communication institutionnelle, notre action vise la création de synergies entre les acteurs de la mer, sans oublier le lobbying, dont les Assises de l’économie maritime et du littoral sont chaque année l’illustration. Le CMF bénéficie également d’une présence dans les DOM-TOM avec six clusters maritimes ultramarins, ainsi que des comités français du cluster, dont un à Singapour, chargés de coordonner l’action des entreprises françaises dans leurs zones respectives. Nous sommes actuellement en train d’en développer un autre à Hong-Kong.
Suite à la ratification de l’accord de Paris sur le climat par François Hollande, comment les acteurs du maritime se mobilisent-ils pour souligner le rôle de l’océan dans la machine climatique ?
Si le rôle de l’océan n’a pas été suffisamment mis en valeur dans le cadre de la COP21, c’est quand même la première fois qu’il a été pris en compte ! Car de manière totalement surprenante voire incompréhensible, jamais il n’avait été intégré dans la « machine climat » lors des conférences précédentes. Cette avancée découle en partie la création d’une plateforme océan-climat regroupant scientifiques, ONG, acteurs de l’économie maritime, dont le CMF est l’un des représentants. Au travers de cette structure, nous avons œuvré pour que le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) sorte un rapport spécial sur le rôle de l’océan dans l’enjeu climatique : une première victoire, puisque ce document devrait voir le jour dans les mois à venir !
La bonne santé de l’océan et de sa biodiversité est indispensable à l’équilibre écologique et climatique de la planète. Quelles solutions les métiers de la mer déploient-ils pour protéger la ressource et limiter les impacts de leurs activités ? Quel est le rôle de votre cluster en ce sens ?
Un océan propre est la condition même de la pérennité de notre activité : c’est pour cette raison que les acteurs du maritime ont œuvré à protéger la ressource, notamment du côté des transports avec des carburants moins polluants, des modes de propulsion plus efficaces, des navires davantage économes en énergie et qui ont un impact environnemental très réduit. Il en va de même pour les pêcheurs et les ports, qui utilisent des matériaux et des techniques respectueux de l’océan et du poisson. Le nautisme a lui aussi réduit ses rejets et ses consommations : autant d’initiatives qui s’inscrivent dans le crédo de notre cluster, convaincu qu’il ne peut pas y avoir de développement autre que durable pour notre secteur. Car les acteurs du maritime seront les premiers concernés si la machine climatique se dérègle ou que la ressource se dégrade.
Qu’en est-il de la politique maritime européenne dans cette “croissance bleue” ?
C’est un soutien d’importance. L’UE a inauguré il y a trois ans le programme “Blue growth” en identifiant les cinq secteurs d’avenir dans l’économie maritime européenne que sont l’aquaculture, les énergies marines renouvelables, les bio-ressources marines, les ressources minérales du fond marin et le tourisme littoral et côtier.
Quels grands projets comptez-vous mettre en œuvre d’ici les prochaines années pour dynamiser l’Europe maritime ?
Il ne s’agit pas d’une action en particulier mais d’une suite d’initiatives. Nous comptons mobiliser fortement les structures étatiques et privées pour créer des plateformes permettant aux projets maritimes, quels qu’ils soient, d’aboutir, d’avancer et de lever les freins au travail en osmose avec scientifiques et ONG. Le tout pour faire de cette croissance bleue une vraie économie durable.