1er mai 2004 : cette date est désormais marquée d’une pierre blanche dans l’histoire de l’Union européenne. Comme un seul homme et pour la première fois, 10 pays faisaient leur entrée dans l’institution fondée à Rome en 1957. Ce cinquième élargissement – on le voit- n’était pas le moindre.
Tchéquie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Slovaquie et Slovénie : ce sont d’anciens pays satellites soviétiques voire des républiques de l’ancienne URSS elle-même.
Ils font l’objet d’un mécanisme échelonné d’accès au plein exercice de leurs droits à la citoyenneté européenne, notamment pour la liberté d’installation et de travail. Une exception cependant avec le Royaume-Uni, l’Irlande et la Suède : des pays en plein boom économique. Ils ont accordé ces droits dès l’adhésion à l’Union des nouveaux pays européens. Les compagnies aériennes à bas prix ont alors ouvert des lignes de la Grande-Bretagne vers de nombreuses villes polonaises, permettant aux Polonais de venir alimenter le marché du travail britannique.
Dans le cas de la France, ce n’est qu’au bout de sept ans, en 2011 donc, que les Européens de l’Est ont eu accès au marché du travail et à la liberté d’installation.
Par comparaison, rappelons que la Grèce, entrée dans l’Europe en 1981, n’a bénéficié pour ses citoyens de la libre circulation qu’après une longue période purgatoire de 11 ans, en 1992, soit en même temps que les citoyens de l’Espagne et du Portugal qui ont adhéré en 1988.
Rappelons que le Royaume-Uni, l’Irlande et le Danemark, puis l’Autriche, la Finlande et la Suède n’ont pas eu à respecter de délai entre leur date d’adhésion et celle de l’accès de leurs ressortissants à tous les droits des Européens
Ce sera également le cas de ces deux autres pays, îles de la Méditerranée : Chypre et Malte. L’absence de « risque migratoire » et de concurrence sur le marché du travail en raison de leur faible population, ont permis en revanche à leurs ressortissants de bénéficier dès leur entrée de tous leurs droits des citoyens européens.
Avec leurs 738 000 km2, ces 10 nouveaux pays étendent de près de 28% la superficie de l’UE. Voilà une extension de territoire qui dans l’histoire soutiendrait presque la comparaison de l’acquisition de la Louisiane par les jeunes Etats-Unis d’Amérique en 1803!
Relevons qu’en dehors de la Pologne et ses 34 millions d’habitants, les sept autres pays comptent chacun moins de 10 millions d’habitants avec de surcroît un déclin démographique.
Ce sont au total 75 millions de nouveaux citoyens qui font leur entrée dans l’Europe.
Egalement 10 nouvelles langues officielles ! Elles devaient faire de l’Union une véritable tour de Babel …
De nouveaux adhérents conquis
En dépit de l’euroscepticisme ambiant et de gouvernements anti-européens, notamment en Pologne et en Hongrie, ces nouveaux citoyens se sont en revanche montrés conquis par leur nouvel espace d’échange.
79 % des citoyens des dix nouveaux pays estiment en effet que leur pays a bénéficié de l’adhésion à l’UE.
Plus de 2,7 millions de jeunes issus des dix nouveaux pays ont depuis 2004 participé au programme Erasmus +.
On estime à 26 millions le nombre de nouveaux emplois créés et l’UE est devenue l’un des plus vastes marchés uniques au monde.
Et son PIB s’est accru de 8,9%.
Routes, ponts, ports, aéroports : de nouvelles infrastructures ont émaillé les nouveaux adhérents.
Ajoutons l’émergence de normes. Elles sont stimulantes pour la production industrielle qui bénéficie désormais d’une uniformisation des règlements. Et elles sont enfin synonymes d’une sécurité accrue pour chaque citoyen européen.
Deux nouveaux élargissement ont eu lieu depuis : en 2007 avec la Bulgarie et la Roumanie, 2013 avec la Croatie.
Il s’agit même plus que jamais d’un sujet d’actualité avec 9 pays qui ont actuellement le statut de pays candidat (Serbie, Monténégro, Macédoine du Nord, Albanie, Bosnie-Herzégovine, Turquie, Ukraine, Moldavie et Géorgie). Le Kosovo a présenté sa demande d’adhésion le 15 décembre 2022.
La date de 2030 est avancée pour ouvrir la porte à ces nouveaux venus qui feront l’Europe de demain.