Le 17e sommet des BRICS s’est ouvert ce dimanche 6 juillet à Rio de Janeiro dans un contexte international tendu. Le bloc des puissances émergentes s’est considérablement élargi depuis 2023, avec désormais 11 membres représentant près de 30 % du PIB mondial et plus de la moitié de la population entière. Un rendez-vous très attendu mais dont la portée se retrouve affaiblie par les absences du président chinois Xi Jinping et de son homologue russe Vladimir Poutine, visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale.
La déclaration finale du sommet est à l’image des équilibres fragiles des BRICS. Publiée le dimanche 6 juillet, elle défend fermement le multilatéralisme et condamne les guerres, les sanctions et les droits de douane utilisés comme armes politiques… Sans jamais nommer directement les États-Unis. Le texte reste néanmoins prudent sur les conflits en cours qui concernent certains membres, notamment en Ukraine ou en Iran.
Les BRICS pèsent 36 % du PIB mondial contre 29 % pour le G7
Depuis l’adhésion de l’Iran, l’Arabie saoudite, l’Égypte, l’Éthiopie, les Émirats arabes unis et l’Indonésie, les BRICS forment un ensemble hétérogène, où cohabitent des régimes autoritaires et des démocraties, des pays exportateurs de pétrole avec des économies industrielles ou agricoles. Le sommet accueille également dix États associés, dont Cuba, la Bolivie, la Thaïlande et le Nigeria, qui aspirent à rejoindre le groupe.
Cette diversité alimente cependant les divergences. L’Inde se méfie par exemple de la montée en puissance stratégique de la Chine. Les monarchies du Golfe refusent quant à elles de s’aligner sur une ligne trop ouvertement anti-occidentale. Car l’Occident demeure un client énergétique clé, malgré un recentrage des échanges vers l’Asie. Faute de consensus, le projet chinois d’une monnaie commune ou d’un système alternatif de paiement reste à ce jour bloqué.
Le non-alignement comme seule voix commune
Face à la guerre commerciale relancée par les États-Unis et à la montée des tensions au Moyen-Orient, la Chine cherche à mobiliser les BRICS contre les politiques de Washington. Mais plusieurs pays, à l’image des Émirats arabes unis ou de l’Arabie saoudite, restent sur la réserve,soucieux de ne pas compromettre leurs relations diplomatiques. L’Inde, pour sa part, promeut une posture d’équilibre entre les blocs mondiaux.
Quant à l’Iran, devenu membre cette année, les BRICS ont publié un communiqué condamnant les frappes sur ses installations nucléaires à usage civil. Le texte demeure mesuré et ne mentionne pas directement les États-Unis ou Israël. La participation de pays marginalisés comme Cuba ou la Biélorussie questionne également la cohérence d’un bloc initialement fondé sur l’émergence économique.
Des idées communes mais peu d’actions collectives
Dans ce contexte, le sommet de Rio devrait mettre l’accent sur des sujets plus consensuels : santé, lutte contre la pauvreté, coopération en matière d’intelligence artificielle ou réforme de la gouvernance globale. La Nouvelle Banque de développement (la « banque des BRICS »), dirigée par l’ancienne présidente brésilienne Dilma Rousseff, a financé à ce jour près de 100 projets pour un montant total de 33 milliards de dollars. Elle reste donc encore loin de pouvoir rivaliser avec la Banque mondiale ou le FMI.
À défaut d’unité stratégique, les BRICS semblent vouloir incarner une autre voie dans les affaires internationales, au nom du multilatéralisme, de la souveraineté et d’un développement plus équitable. Mais pour l’heure, les disparités de leurs intérêts nationaux rendent difficile toute action collective structurante.