Il aura fallu quatre tours de scrutin pour que le député conservateur Antonio Tajani prenne la tête de l’institution, élu à 351 voix contre 282. Comme un soupçon d’ironie de voir un proche de Berlusconi succèder à Martin Schulz, que « le Cavaliere » avait autrefois qualifié de « kapo ».
Un profil peu consensuel
Une figure controversée va, pour la première fois, incarner le Parlement européen. Né le 4 août 1953 à Rome, Antonio Tajani fait tôt ses premières armes politiques en militant pour le Front monarchique des Jeunes. Il s’en détourne un temps pour suivre des études de droit à l’université « La Sapienza ». Il s’engage dans l’armée de l’air une fois le master en poche…puis se tourne vers le journalisme. En 1982, l’italien commence à prendre la plume au sein de l’hebdomadaire Il settimanale. C’est dans son cadre professionnel qu’il rencontre plus tard Silvio Berlusconi et s’en rapproche jusqu’à devenir le porte-parole de son parti, Forza Italia, en 1994. Sa carrière décolle. Si bien qu’il se retrouve rapidement au Parlement européen pour y siéger au sein de différentes commissions, dont celle des Affaires étrangères ainsi que celle de la Défense et de la Sécurité. Et ce même si son étiquette berlusconiste est loin d’enchanter ses homologues de l’hémicycle.
Une élection laborieuse
En 2002, Antonio Tajani est élu vice-président du Parti populaire européen (PPE) et succède à Franco Frattini le 8 mai 2008 en tant que commissaire européen pour l’Italie. Au sein des commissions Barroso I et II, il fut vice-président en charge des Transports entre 2008 et 2010, puis de l’Industrie et de l’Entreprise en 2010 et 2014. Cette dernière expérience lui a valu d’être vivement critiqué dans le cadre du « Dieselgate », notamment pour ne pas avoir été suffisamment réactif face aux fraudes. Une ombre au tableau qui ne l’a pas empêché pour autant d’être élu à la tête du Parlement européen le 17 janvier dernier. Face aux critiques de certains députés – notamment Yannick Jadot qui a évoqué un « triste jour pour le Parlement européen » sur Twitter, Antonio Tajani se présente comme un « homme de consensus », affirmant vouloir être « le président de tous les députés ». Polyglotte, il présente à son actif une expérience de 23 ans au sein des institutions européennes ainsi qu’une très bonne connaissance des réseaux. Alors que l’Union européenne traverse une conjoncture pour le moins délicate, il dispose de deux ans et demi pour faire ses preuves. Levant le doute sur un éventuel déménagement du siège du Parlement, qui restera bel et bien à Strasbourg.