Qualité de l’eau, préservation de la ressource ou encore politique environnementale, la Fédération Professionnelle des Entreprises de l’Eau (FP2E) est sur tous ces sujets le porte-parole des entreprises françaises de l’eau, ce qui en fait un acteur majeur dans ce domaine, en France comme à l’international. Entretien avec Bertrand Camus, son président.
Quel est le rôle de la FP2E en France d’une part, en Europe et à l’international d’autre part ?
La FP2E regroupe les entreprises assurant la gestion des services d’eau et d’assainissement en France : Alteau, Derichebourg Aqua, Saur, SEFO, Sogedo, Suez et Veolia. Elle est le porte-parole de ces opérateurs sur des sujets divers : qualité de l’eau, préservation des ressources, politique environnementale, cadre juridique, relations avec les consommateurs, etc. Nous faisons la promotion du principe de la liberté du choix de l’opérateur public ou privé, par des autorités organisatrices publiques fortes.
Dans les assemblées européennes et internationales, notre organisme coordonne les réponses de la profession. La FP2E est membre d’EUREAU, la fédération des opérateurs de services d’eau et d’assainissement au niveau européen, qui contribue à l’élaboration des politiques publiques européennes sur l’eau.
Quels sont les principaux enjeux relatifs à l’eau au niveau européen ?
Nos entreprises s’engagent pour la mise en œuvre du droit à l’eau, qui peut passer par l’expérimentation de tarifs sociaux, et par une meilleure transparence grâce à la publication d’indicateurs de performance. Nos entreprises en publient plus de 100 000 en France par an.
Les services d’eau et d’assainissement doivent également contribuer à la transition vers une économie circulaire. Il faut alléger la pression sur la ressource en eau en développant des solutions comme la réutilisation des eaux usées traitées mais aussi soutenir la production d’énergie et d’engrais organiques à partir des eaux usées, qui contribuent efficacement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Que faites-vous pour garantir une eau potable de qualité ?
En alimentant en eau potable plus des deux tiers de la population française, les entreprises de l’eau ont une responsabilité sociétale et sanitaire majeure. Aujourd’hui, en France, plus de 12 millions d’analyses sont effectuées annuellement sur l’ensemble des services publics d’eau, dont 8 millions par nos entreprises, ce qui fait de l’eau potable le produit alimentaire le plus contrôlé.
L’eau distribuée aux Français est d’un très haut niveau de qualité. Preuve en est, le niveau de confiance des Français en la qualité de l’eau du robinet est de 81 % selon le dernier baromètre réalisé par le Centre d’Information sur l’Eau en juin 2016. La révision en cours de la directive eau potable doit constituer l’occasion de renforcer cette confiance vis-à-vis de l’eau du robinet.
Les entreprises de l’eau investissent chaque année 120 millions d’euros en R&D afin de développer de nouvelles technologies, mobilisant ainsi plusieurs centaines de chercheurs et d’ingénieurs. Sur quoi portent principalement leurs recherches actuellement ?
Les programmes de R&D de nos entreprises sont menés autour de trois axes :
-
- D’abord, la gestion intelligente de la ressource : l’utilisation du numérique est un levier majeur pour optimiser les investissements dans les infrastructures, accroître l’efficacité des opérateurs, inventer de nouveaux services et être des acteurs centraux des « smart cities » de demain ;
- Ensuite, le traitement de l’eau en lui-même est un métier d’innovation : les entreprises de l’eau équipent par exemple de plus en plus d’usines de production d’eau potable de procédés de filtration par membranes organiques ou minérales, qui permettent de retenir les particules de taille infime contenues dans l’eau brute ;
- Enfin, le secteur de l’eau et de l’assainissement a toute sa place pour œuvrer à une économie circulaire : valorisation des boues d’épuration sources de nutriments utiles à l’agriculture européenne mais aussi d’énergie, avec la production de biométhane.