Doté d’une représentation environnementale depuis 2008, le Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) a souligné le rôle éminent que les Outre-mer peuvent jouer dans le domaine des énergies renouvelables et la nécessité de leur fournir les moyens humains et financiers nécessaires. Entretien avec Patrick Bernasconi, son président.
Quelles saisines concernant l’écologie et l’environnement avez-vous en cours ?
Le dernier avis voté par le Conseil et portant sur la justice climatique a été soutenu par Jean Jouzel et Agnès Michelot. Le CESE a mis en exergue le risque fort de montée des inégalités consécutives au changement climatique et aux mesures d’adaptation et de lutte contre celui-ci, tout en préconisant des solutions concrètes, plus particulièrement en matière de recherche et d’international. Le second avis me paraissant particulièrement marquant est celui sur l’adaptation de la France au changement climatique de Jean Jouzel et Antoine Bonduelle. Il montre, qu’afin de s’adapter, notre pays devra faire confiance aux territoires.
Aujourd’hui le CESE travaille sur la préparation de trois avis :
- « Vers une bio économie durable » ;
- « La qualité de l’habitat, condition environnementale du bien-être et du vivre ensemble » ;
- « Les avancées dans la mise en œuvre de la loi de transition énergétique ».
Ces saisines et auto saisines sont exemplaires du travail du CESE : elles s’intéressent à trois des environnements auxquels nous devons nous attacher : l’homme et le territoire, l’économie et le développement durable dans tous les sens du terme, à travers la transition énergétique.
L’écologie et l’environnement prennent de plus en plus de place dans l’économie. Peut-on parler d’une réelle prise de conscience du secteur économique ou d’un effet de mode ?
Il ne s’agit bien entendu pas d’un effet de mode ! C’est la prise de conscience que les problématiques vertes doivent faire partie intégrante de l’ensemble de nos réflexions. Le secteur économique comme les autres secteurs, et donc les entreprises au premier rang, intègre ces enjeux. La dimension environnementale ne doit pas être vécue comme une contrainte mais comme une ouverture à des opportunités : d’évolution, de réflexion, de recherches, de nouveaux défis technologiques…
En 2008, le « Conseil économique et social » est devenu « Conseil économique, social et environnemental ». Cette ouverture est un réel pas en avant et au-delà, c’est une ouverture bénéfique, car en ouvrant les portes à de nouveaux membres issus des rangs des défenseurs de l’environnement, elle a permis d’irriguer l’ensemble de nos travaux d’une nouvelle façon de voir. Nous ne pouvons que nous en féliciter.
Les problématiques vertes doivent faire partie intégrante de nos réflexions
Intéressons-nous aux DOM COM. A l’heure de la transition énergétique, les collectivités ultramarines sont-elles en bonne voie pour atteindre l’objectif de 50% d’énergies renouvelables dans la production électrique d’ici 2020 ?
Avec 11 millions de km2, la France dispose du deuxième espace maritime mondial derrière les Etats-Unis, essentiellement grâce aux Outre-mer. A l’exception de la Guyane, les territoires ultramarins sont des îles. Les collectivités ultramarines ont depuis longtemps eu un rôle de précurseur dans le développement des énergies renouvelables avec des objectifs ambitieux en termes d’autonomie énergétique et de mix énergétique.
Dans nos avis Les énergies renouvelables outre-mer : laboratoire pour notre avenir (juillet 2011) et Projet de loi de programmation pour un nouveau modèle énergétique français (juillet 2014), nous avons souligné le rôle éminent que les Outre-mer peuvent jouer dans le domaine des énergies renouvelables et la nécessité de leur fournir les moyens humains et financiers adaptés afin qu’ils puissent atteindre leur objectif d’autonomie en énergies renouvelables en 2020.
Peuvent-elles, d’après vous, devenir un laboratoire du mix énergétique national ?
Dans notre avis Les énergies renouvelables outre-mer : laboratoire pour notre avenir (juillet 2011) nous rappelons que les Outre-mer devaient pouvoir constituer un « laboratoire » d’un mix énergétique national à développer, faisant toute leur part aux énergies renouvelables. Il ne s’agit naturellement pas d’appliquer, termes à termes, le système mis en place dans le domaine ultramarin à la métropole, mais il conviendrait d’en tirer les éléments les plus intéressants et de les adapter. Il en est ainsi, par exemple, des développements attendus en matière de géothermie ou d’énergies marines dont les potentialités devraient être exploitées prioritairement. Notre pays possède une expérience certaine dans le domaine des énergies marémotrices, avec un réseau de compétences reconnues dans les autres filières marines.
Estimez-vous que de manière générale dans leurs stratégies économiques, les gouvernements et institutions, accordent suffisamment d’importance aux DOM TOM ?
L’information et l’association des Outre-mer dans la définition et la mise en œuvre des politiques publiques nationales et européennes devraient être améliorées, qu’elles visent le domaine économique, social, environnemental, social ou sanitaire. En créant une délégation à l’Outre-mer nous avons ainsi souhaité contribuer à une meilleure prise en compte des spécificités et des richesses des territoires ultramarins.
Retrouvez l’intégralité de l’interview dans le numéro 21.