Que va-t-il se passer en Corse dans les mois et années à venir ? Une empathie spontanée pour les vertus de la volonté politique voudrait que l’on s’attende plutôt à un scénario optimiste. Dans un monde menaçant et craquant de partout, les « habits neufs institutionnels » de l’île de Beauté évoqués dans les pages qui suivent n’ont pas fini de susciter, parfois loin de la terre où ils ont été dessinés, bien des curiosités, voire des envies. Au cœur de l’organisation de l’espace public, la forme juridique – même si on a souvent tendance à en sous-estimer l’utilité – exprime un idéal commun fondé sur des valeurs collectives. L’enjeu est donc de vérifier, en vraie grandeur, comment une évolution normative peut entraîner non seulement davantage de visibilité démocratique mais aussi, très concrètement, plus de bien-être pour les citoyens.

Montrer le vrai visage de la Corse, c’est combattre la peur, la violence, l’insécurité. Pour créer la confiance et donner du sens à l’action, les acteurs du développement – élus et responsables socio-économiques – auront tout intérêt à privilégier une exposition médiatique franche et large. Une jeunesse instruite de ses racines comme des nécessités de la protection de l’environnement, une densité artisanale très supérieure à la moyenne nationale, des espaces naturels et des attraits touristiques légendaires : peu de territoires peuvent « aligner » autant d’atouts.

A l’heure où nos contemporains parfois déboussolés sont parfois en quête de repères, il convient en outre d’associer la dimension culturelle aux potentialités économiques. La création de scénographies muséales et de parcours historiques, ainsi que l’animation des sites patrimoniaux génèrent une attractivité forte, comme l’ont vérifié nombre de destinations européennes telles que la ville de Bilbao ou le site du Puy-du-Fou. L’économie est un tout. Bien conduite, la recherche de l’authenticité n’est plus du tout synonyme de conservatisme. Préserver la mémoire des chants, des poèmes et du spectacle vivant fait partie de la modernité car cela favorise plus l’échange et la production de richesses que le repli.

Jean-François Bège