Tous les deux ans, 750 chefs d’entreprises européens se substituent aux eurodéputés dans le cadre du Parlement européen des entreprises (PEE) chapoté par Eurochambres et CCI France. L’objectif ? Favoriser un dialogue direct entre le monde économique et les institutions européennes. Rendez-vous le 4 novembre pour l’édition 2025.
“Entrepreneurial Voices, European Choices” ainsi s’intitule ce rassemblement prévu le 4 novembre prochain à Bruxelles dans l’espace Léopold. L’appellation n’est pas sans consonance avec le “Choose Europe” de la présidente de la Commission Ursula van der Leyen, ayant pour ambition de faire de l’Europe un pôle d’attractivité, d’innovations et d’investissement majeur pour demain.
Des entrepreneurs pour légiférer, des députés pour entreprendre
Au programme de ce dialogue : le nouveau budget pour la période 2028-2034 comprenant 2 000 milliards d’euros avec des plans de partenariat nationaux et régionaux. Y sera également évoqué le fameux fonds européen pour la compétitivité (recherche et innovations dans le numérique, le spatial, la santé, les connexions transfrontalières ou encore la résilience face aux crises).
Bruxelles s’engage aussi à faciliter le quotidien de tous les Européens, notamment en matière administrative. La création d’un statut juridique unique (28ème régime) va dans ce même sens en s’appliquant aux sociétés dont les activités portent sur plusieurs pays européens simultanément, au sein de des secteurs critiques comme l’IA, la biotech ou le quantique.
“We want the best of Europe to choose Europe”
Puisqu’il est question de choix, l’initiative “Choose Europe” ouvre la voie à de nouveaux programmes scientifiques mêlant capital humain et économique. L’occasion d’attirer de nouveaux talents au sein d’une Europe se voulant “terre d’accueil”, à l’heure où le retour au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis et la fermeture des vannes de financements fédéraux pour les projets de recherche ont contraint des dizaines de scientifiques américains à un exil professionnel. “La science n’a pas de passeport, de genre, d’ethnie ou de couleur politique, mais constitue le bien le plus précieux” a déclaré la présidente de la Commission lors du débat sur l’état de l’UE en septembre dernier.
Néanmoins, la France, en pleine tempête politique, légifère actuellement pour garantir plus de justice sociale. Si depuis lundi 27 octobre une taxe Zucman allégée est évoquée par le PS, introduisant des exonérations pour les entreprises innovantes et familiales, des doutes persistent quant à la compétitivité de ces firmes face aux concurrents internationaux et même leurs voisins européens. Raison de plus pour les quelques 78 patrons français d’exprimer leurs inquiétudes et propositions lors du PPE, en tant qu’acteurs de terrain.
L’Europe, un levier stratégique
Le jour J, les discussions s’orienteront autour de trois thématiques que sont la compétitivité européenne, l’accès au marché unique et la transition écologique pour une croissance durable.
Parmi les priorités européennes, on retiendra la nécessité de conforter les partenariats avec les pays candidats à l’adhésion. Le 24 octobre dernier, la Commission actait la mise en place du SEPA (Espace unique de paiement en euros) pour l’Albanie, la Moldavie, le Monténégro et la Macédoine du Nord pour faciliter les virements en euros vers et depuis l’UE en réduisant leurs coûts et en augmentant leur fiabilité.
La protection du marché européen passe quant à elle indubitablement par une augmentation des barrières tarifaires vis à vis des pays extracommunautaires. Si ces dernières ont augmenté en réponse aux menaces de Trump, le FMI affirme que le marché unique européen dispose encore de marges de progression.
Un nouveau pacte qui revoit les règles de concurrence
Pour les entreprises, cela signifie d’abord un accès simplifié et massif aux financements, notamment à travers un grand plan européen d’investissement capable de mobiliser les capitaux privés autour de la double transition verte et numérique. De même, l’ouverture des marchés publics (14% du PIB européen) présente une véritable manne financière pour l’innovation. C’est dans ce cadre qu’Ursula van der Leyen encourage la création d’un critère “Made in Europe” au sein de certains secteurs stratégiques.
Mario Draghi, ancien président de la BCE plaide également pour une simplification réglementaire urgente, afin de libérer les PME et les startups du poids bureaucratique qui freine l’innovation. Dans son rapport, l’homme d’Etat italien insiste sur la nécessité de réviser les règles de concurrence et les aides d’État pour permettre l’émergence de “champions européens” dans des secteurs clés tels que l’énergie, l’IA, les semi-conducteurs, la défense et les technologies vertes. Au sujet de l’IA, l’UE investit massivement portant le nombre d’usines à 19 après l’ouverture de six nouvelles structures en Tchécoslovaquie, en Lituanie, au Pays-Bas, en Roumanie, en Espagne et en Pologne. Amélioration des services publics, rapidité des soins, renforcement de la cybersécurité et développement d’une IA éthique basée sur les valeurs européennes sont autant de moteurs de cette dynamique.
“Soit nous restons sur place, et nous nous faisons dépasser. Soit nous créons les emplois de l’avenir, ici en Europe” assurait la cheffe de l’exécutif de l’UE lors du discours introductif en séance plénière du Parlement européen sur la préparation du Conseil européen prévu le lendemain, jeudi 23 octobre.
Ce constat largement partagé au sein des hautes sphères bruxelloises invite à l’élaboration de réflexions collectives avec les principaux architectes du monde économique européen. Outre le lancement d’un Fonds européen d’investissement pour la compétitivité en vue de financer les transitions vertes et numériques, des initiatives dans le sens d’une responsabilisation commune pour une prise de conscience accrue de notre impact climatique laissent entrevoir l’avènement d’un marché unique de l’énergie et des données.
S’il est toujours délicat de parler de souveraineté dans une société interdépendante, une Europe plus unie serait une échappatoire opportune face à des nations noyées dans le marché mondial.
 
	 



