Dans un entretien exclusif publié dimanche 23 novembre par La Tribune, la présidente du Parlement européen Roberta Metsola affirme avoir entendu les inquiétudes du secteur agricole français, qu’elle estime « légitimes ». Elle n’en reste pas moins convaincue qu’un désengagement du commerce international priverait l’Union européenne « d’une occasion d’exporter nos valeurs et nos normes. »
Alors que les agriculteurs se mobilisent à nouveau dans l’Hexagone, l’Union européenne va devoir composer avec une France plus que que frileuse sur la question de l’accord de libre-échange avec le Mercosur. Lors de sa dernière tournée en Amérique latine, Emmanuel Macron a même répété à plusieurs reprises refuser catégoriquement celui-ci « en l’état ». « Qu’(il) soit scindé ou non, qu’il y ait ou pas un vote à la majorité sur le texte, on ne doit pas isoler des États membres » a estimé Roberta Metsola. « Parce qu’on ne peut pas dire à un pays désemparé par le déclin d’un secteur et qui se sent abandonné : « Désolé, mais on ne vous écoutera pas ! ». De son coté, la France redouble d’efforts pour convaincre d’autres pays de s’opposer à l’adoption du texte face à ses homologues allemands et espagnols, qui semblent eux bien déterminés à le faire passer.
« Si nous ne nous impliquons pas, d’autres le feront à notre place. »
En cause : principalement la concurrence que les agriculteurs estiment déloyale face à des pays comme le Brésil ou l’Argentine, où la viande – entre autres – n’est pas soumise aux strictes normes sanitaires et environnementales de l’Union européenne. En ce sens, la présidente du Parlement européen veut « prendre le temps (de) répondre totalement» aux inquiétudes du secteur agricole, expliquant garder « l’espoir que l’on parvienne à une solution équilibrée qui à la fois protège les intérêts de nos agriculteurs, en particulier dans les branches les plus exposées, et débloque de nouvelles opportunités pour nos entreprises. » Pour conclure : « si nous ne nous impliquons pas, d’autres le feront à notre place ».